dimanche 16 mai 2010

DOSSIER HAITI

Notre solidarité avec Haïti à travers Solidarité Laïque
Notre solidarité avec Haïti s’est manifestée de deux manières : une aide immédiate d’urgence de 800 €, versée via le siège central de Français du Monde-ADFE à l’association Solidarité Laïque et une action à plus long terme, elle aussi coordonnée par Solidarité Laïque. Quant à cette dernière, vous en trouverez les détails sur le site http://www.solidarite-laique.asso.fr/ewb_pages/s/sinistres_haiti.php, elle consiste en un programme d'éducation. Nous pensons célébrer une sorte de jumelage entre nos sections de Bogotá, de Caracas, de Lima, de Quito et de La Paz de Français du Monde-ADFE et la section d’Haïti et appuyer l’action de Joël Gouy, président de la section qui cherche à relancer l'École Normale d'Instituteurs et le réseau d'école d'Ayiti Education. Vous pouvez exprimer votre solidarité personnelle en apportant votre écot à ce projet via le site http://www.solidarite-laique.asso.fr/ewb_pages/s/sinistres_haiti.php

Repères
Haïti est situé sur l’île d’Hispaniola. Ce pays couvre le tiers occidental de l’île, l’autre partie étant occupée par la République Dominicaine. Avec une population de 9 à 10 millions et une superficie de 28000 km² (équivalent à la Belgique), Haïti est le pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud et occupe le 149e rang sur 182 au niveau de l’Indicateur de Développement Humain (PNUD 2009). Sa population est essentiellement noire, et descend des esclaves importés par les colons français au XVIIème et surtout XVIIIe siècle. Les indiens autochtones ont été rapidement décimés par le travail forcé et les épidémies. Les survivants se sont mélangés à la population noire. Une petite minorité (5 à 10%) est mulâtre et concentre l’essentiel des richesses du pays. Il y a deux langues officielles : le créole, issu du français et des langues africaines, parlé par toute la population, et le français, maîtrisé par une petite partie (10%) seulement.
Au XVIIIème siècle, Saint Domingue était la plus riche des colonies françaises. La révolution française a suscité d’immenses espoirs parmi les mulâtres de Saint Domingue, qui ont espéré qu’ils allaient accéder à une citoyenneté à part entière, et parmi les esclaves qui ont cru en la déclaration des droits de l’homme. Napoléon 1er ayant décidé de rétablir l’esclavage, cela a déclenché la révolution de Saint Domingue, qui s’est soldée par la victoire des troupes haïtiennes contre l’armée française. Après une dizaine d’années de guerre, Haïti a conquis son indépendance contre la France, en 1804. Ce fut ainsi la première république noire indépendante au monde. Son exemple a inspiré la plupart des luttes indépendantistes du continent latino-américain. Bolivar y a un temps trouvé refuge.
L’indépendance et la suppression de l’esclavage ont contribué à isoler la jeune république d’Haïti du reste du monde. Les puissances coloniales de l’époque voulaient éviter que cet exemple ne gagne leurs autres colonies qui reposaient encore à l’époque sur le système esclavagiste. En vue de faire reconnaître l’état haïtien par les grandes puissances, le président Pétion a accepté de verser une indemnité à l’État français, destinée à indemniser les pertes des plantations et des esclaves que les colons français avaient subies. 90 millions de francs or ont été versés par l’État haïtien, qui a du emprunter sur les marchés financiers pour payer cette somme. Pendant des décennies le remboursement de cette dette a très lourdement pesé sur les finances de l’État haïtien, l’empêchant de financer le développement de son pays.
Au XXe siècle, le pays a été occupé par les États-Unis d’Amérique, de 1915 à 1934. À leur départ, les Américains sont partis avec les stocks d’or de la Banque Centrale, contribuant encore un peu plus à appauvrir le pays.
De 1956 à 1986, le pays a été sous la coupe de la dynastie Duvallier. La corruption et la répression envers les mouvements populaires a été terrible.
Le président René Garcia Préval, issu de l’opposition communiste à Duvallier a été élu en 2004. Son élection a été reconnue par la communauté internationale. Les institutions de ce pays commençaient à se renforcer, et même si elles demeuraient très faibles, un espoir commençait à émerger.

Témoignage par Benoît Faucheux, Président de Français du Monde-Haïti
... 12 janvier 2010, tremblement de terre à Port au Prince

Peu avant 17 heures, le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 à 7,3 a frappé la zone métropolitaine de Port au Prince, la capitale du pays. Cette agglomération regroupait les principales institutions politiques, administratives et économiques du pays, par ailleurs très fortement centralisé. 2,5 à 3 millions de personnes y habitaient, la plupart dans des quartiers construits dans les trente dernières années, sans plan d’urbanisme, et dépourvus de l’essentiel des services de base. L’épicentre du séisme, était situé à une trentaine de kilomètres seulement du centre-ville. Les constructions de mauvaise qualité, souvent sur des terrains inappropriés (ravines p ex) ont été très touchées. Les bâtiments a priori plus solides, comme la résidence de l’Ambassadeur de France, n’ont pas non plus résisté.

Aujourd’hui, le bilan est dramatique. Environ un dixième de la population a péri lors du séisme ou dans les jours qui ont suivis (env. 220 000 morts). Plus de 500 000 personnes ont perdu leur logement et dorment dans des camps de fortune, les vingt plus gros abritent 220 000 personnes, mais on en dénombre plus de 500 dans l’agglomération. 5 à 600 000 personnes ont trouvé refuge hors de la capitale, dans leur famille ou chez des amis en campagne ou dans des petites villes. La population de certaines zones a augmenté de 50 à 100%, les familles ont donc rapidement épuisé leurs réserves alimentaires, ce qui a contribué à tendre encore plus la situation dans les campagnes déjà misérables.

Les institutions haïtiennes ont perdu de nombreux bâtiments, comme le Palais Présidentiel, le Parlement, la Direction des Impôts et de nombreux fonctionnaires, dont plusieurs cadres de très haut niveau. Cela rend encore plus difficile le relèvement du pays. Ceux qui veulent obtenir un visa pour se réfugier dans de la famille à l’étranger font face à de très graves difficultés : le bâtiment des archives nationales, qui regroupe les documents d’état-civil, s’est écroulé, privant la possibilité la population de justifier de son identité. Ces documents peuvent être retrouvés dans les paroisses (actes de baptême) mais en général les habitants de Port au Prince sont nés en province.

La section Haïti de Français du Monde a été elle aussi durement touchée. Ma plus jeune fille et ma belle-mère ont péri, lors de l’effondrement de notre maison. Tous nos membres ont perdu des amis, des proches, des collègues…La moitié du bureau a été rapatriée en France, pendant que l’autre continuait à travailler en Haïti. Ainsi, Eliane Malebranche, médecin, a soigné des centaines d’Haïtiens gratuitement pendant les premières semaines qui ont suivi le séisme. Lucienne Zennie, trésorière de FDM Haïti a supervisé la distribution de l’aide médicale dans les hôpitaux privés. Après quelques semaines de repos en France, Olivier Dournon, vice-président, est rentré en Haïti pour la réouverture du Lycée Alexandre Dumas, où il est enseignant. Il a relancé les activités de la section, en commençant par proposer des rencontres régulières, qui permettent de resserrer les liens de solidarité entre nos membres et nos sympathisants. Port au Prince est à 60% détruite, les rues et les places sont encore pleines de ceux qui ont perdu leur maison…autant dire que la vie y est extrêmement difficile pour tout le monde, et que des petites cellules de solidarité y sont appréciables.

La section s’est rapprochée de Solidarité Laïque, ONG dont Français du Monde est membre et qui a recueilli l’argent collecté dans notre réseau. Solidarité Laïque va financer quelques petits projets mis en œuvre par les membres de notre section, dans le domaine de l’éducation et de la santé. Olivier Dournon accueillera une mission de cette ONG en avril qui va préparer un projet d’appui au système éducatif.

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